Dans un futur où l’Humanité hiberne six mois par an,
Tomas, broyé par la vie et les remords décide
de ne pas s’ endormir pour l’Hiver.
Malheureusement, heureusement (?),
il n’est pas le seul à avoir eu cette idée…
Roman de science-fiction, il vise, en plus de la distraction,
à amener une réflexion sur le monde qui nous entoure
et sur le paraître des sociétés contemporaines.
Les deux hommes ont embarqué dans la voiture et évoluent désormais à vive allure dans les quartiers de la 13 ville.
[…]La neige a tout recouvert, et la ville en est méconnaissable. Si active, si bruyante durant l’été, elle évoque désormais un vieux village abandonné dans les montagnes. Tout est là, à sa place, fièrement dressé. Mais le temps semble s’être arrêté. Tomas observe les paysages. Que c’est beau le monde sans personne. Il soupire d’aise. […]
-Pourquoi n’avoir rien dit tout à l’heure ?, fait Tomas au bout de quelques minutes d’un silence légèrement
pesant.
-À propos ?
-De mon épaule.
-J’ai bien vu que c’était un sujet sensible, et les autres aussi. J’ai pensé qu’il valait mieux éviter que tu deviennes
le sujet de toutes les attentions.
Tomas acquiesce. Keith l’observe. Ainsi concentrés sur la route et dans la pénombres, ses yeux verts paraissent presque blanc
-Mais si tu veux-
-Arrête de tourner autour du pot, le coupe Tomas, qu’est-ce que tu veux savoir ?
-Comment ça ?
-J’ai bien vu que tu essaye d’en apprendre plus sur mes bras. C’est de la simple curiosité ou encore une tentative
pour servir tes intérêts ?
-Qu’est-ce qui te fait croire que je sers mes intérêts ?
-Si je suis encore en vie c’est uniquement grâce à ça.
Keith se racle la gorge et soupire. Il est intelligent, cet italien. Il passe une main dans ses cheveux mi-longs. Comment demander ça ?
-Je voudrais rencontrer la personne qui a conçu tes bras, finit-il par dire, quand l’Hiver prendra fin.
Tomas ne répond rien. Le regard fixé sur la route, il se saisit de son étui à cigarettes coincé dans son manteau de feutre. Machinalement, il en porte à ses lèvres et l’allume. Keith le regarde faire et ne dit rien. Il attend.
-Qu’est-ce qui te fait croire que mes bras sont le travail de quelqu’un en particulier ?
-Tomas, n’essaye pas de me la faire à l’envers. Je suis médecin dans une armée. Les corps mutilés je les connais. Mais des prothèses comme celles là…Jamais je n’en ai vu. Et pourtant, crois-moi, certains ont largement les moyens de se payer des membres motorisés derniers cri. Mais aucun ne ressemble à ça. D’ordinaire, les membres motorisés fonctionnent avec des capteurs, ils ne sont jamais, au grand jamais directement relié au corps. Pourtant, quelqu’un a réussi cet exploit.
Tomas tire sur sa cigarette. La fumée ressort par son nez et emplis l’habitacle. Keith ignore la provocation. Il veut des réponses.
-Tu ne rencontreras pas le concepteur de mes bras, finit par répondre Tomas.
-Pourquoi donc ?
Quittant un instant les yeux de la route, il tire encore une fois sur sa cigarette. Un regard vers Keith avant de se concentrer à nouveau sur la neige et la nuit.
-Parce qu’il est mort, souffle-t-il. N’attends rien de lui.